Portrait de pro : Sabine Mas, docteure en sciences de l'information

Emploi

"Amateurs de sensations fortes et de défis : le doctorat est fait pour vous !"

 
Après un DEUG d'histoire à Aix-en Provence, une licence et une maîtrise en archivistique à Mulhouse, Sabine Mas a décidé de suivre les cours du DESS en archivistique à Montréal, puis de poursuivre ses études pour obtenir une thèse de doctorat soutenue le 30 août 2007.
 

D'où est venue cette passion pour les archives ?

D'un parcours, somme toute, très classique. Ce sont mes études en histoire qui m'ont donné le goût du document, matière première incontournable pour cette discipline. L'archivistique ! J'ai été immédiatement passionnée par la possibilité d'entrer en contact direct avec les traces du patrimoine et j'ai été vraiment ravie lorsque j'ai appris que mon dossier avait été accepté par l'université de Mulhouse pour suivre les cours de licence. Ma forte attirance pour les voyages explique ma présence ensuite au Canada.
 

Pourquoi le Canada ?

C'est aussi un concours de circonstances lié à une personne. J'avais été très impressionnée par une enseignante en archivistique canadienne qui était intervenue à Mulhouse. Certes, je suis curieuse de nature mais c'est elle qui m'a donné envie de travailler sur des concepts et par la suite d'entreprendre l'aventure de la thèse.
 

L'enseignement de l'archivistique au Canada et en France est-il très différent ?

Je ne peux comparer que deux universités. Ce qui m'a frappé, en particulier, c'est qu'en France on nous demande de réaliser plusieurs stages très tôt, au cours de notre formation, alors qu'au Canada, nous n'intervenons en entreprise qu'après avoir dûment validé notre formation théorique mais en tant qu'expert, même si nous sommes bien évidemment encadrés par un coordonnateur, chargé de contrôler nos prestations.
 

Comment avez-vous financé votre travail de recherche ?

Une thèse en sciences de l'information à l'Université de Montréal représente au moins 5 années de travail à temps plein que j'ai financées en donnant des cours à l'université, autre expérience intéressante et à laquelle j'ai pris goût. J'ai demandé aussi un prêt, ce qui est une démarche naturelle dans un pays où la formation est appréhendée comme un investissement.
 

Quel est votre champ de réflexion ?

À Mulhouse, j'avais déjà été très sensibilisée aux archives d'entreprise, tout particulièrement aux archives courantes et intermédiaires. Au Canada, j'ai poursuivi dans cette voie, en choisissant, comme le système d'échange me le permettait, de suivre les enseignements de mon choix pendant les huit mois de ma deuxième année de maîtrise. J'ai effectué ensuite un stage dit d'intervention dans une maison associative.

Ce qui m'avait intrigué, c'était la manière dont les personnes organisaient leur documentation sur leur poste de travail informatique et de la comparer avec les schémas de classification institutionnels conçus par des archivistes. Pour ma thèse, j'ai enquêté auprès d'une vingtaine de personnes volontaires, choisies pour leur statut et le rôle joué dans leur organisation. Après une revue de la littérature issue de plusieurs disciplines, j'ai proposé une grille d'analyse permettant d'analyser la structure, la logique et la sémantique des schémas de classification conçus par les personnes interrogées. Par la suite, j'ai testé cinq schémas présentant des caractéristiques variées auprès de 70 personnes pour analyser la rapidité du repérage, la pertinence des résultats et le nombre d'essais requis pour repérer des documents électroniques.

Cette recherche m'a permis d'identifier les caractéristiques structurelles, logiques et sémantiques qui, parmi les schémas de classification testés, augmentent la probabilité d'améliorer les performances sur le plan du repérage.
 

Vous êtes à nouveau en France, cette fois-ci pour votre stage postdoctoral.

Je vais travailler pendant un an dans un laboratoire de recherche à Troyes, baptisé Tech-Cico, avec des chercheurs appartenant à différentes disciplines (psychologie, sociologie, informatique, linguistique et même philosophie) mais qui se penchent tous sur un même objet : le document. Il nous appartient de concevoir un système de gestion et d'organisation du document qui soit compréhensible pour des tiers.
 

Et ensuite ?

Le Canada à nouveau où plusieurs possibilités me sont déjà offertes. J'ai d'ailleurs toujours un pied dans ce pays puisque je fais parallèlement une recherche sur une taxonomie pour le gouvernement canadien. Les offres sont nombreuses en archivistique, surtout lorsqu'on a un Ph.D. et que l'on se trouve en Amérique du Nord. Le Canada recherche des spécialistes dans ce domaine et accueille à bras ouverts tous ceux qui voudraient entreprendre une thèse.
 


© L'Oeil de l'ADBS, M. B., oct. 2007

Rédigé par ADBS
Publication le 22 octobre 2007 - Mise à jour le 14 octobre 2008