
"Une solide connaissance de l'entreprise et de son domaine d'activité"
Marie-Pierre Fouquin est chargée de veille du groupe BPI. Titulaire d'un DUT Documentation d'entreprise, à la suite d'études en Lettres et civilisations étrangères, section Espagnol, Marie-Pierre Fouquin a travaillé dans plusieurs services de documentation traditionnelle : dans le domaine juridique tout d'abord, puis dans le domaine économique et international. Elle a aussi été documentaliste iconographe pendant plus de 5 ans dans le secteur de l'assurance prévoyance.
Quelle mission vous a-t-on confiée à BPI ?
L'Observatoire de la concurrence est chargé d'observer les entreprises qui opèrent dans le secteur "Ressources humaines". Il lui incombe d'informer le plus en amont possible la Direction générale des événements utiles à la stratégie du groupe et de proposer à l'ensemble des décideurs internes (responsables d'activités mais aussi consultants) des informations analysées permettant une réactivité et un repositionnement. Nous surveillons ainsi en permanence une vingtaine d'entreprises mais notre champ s'élargit aussi, de manière ponctuelle, à d'autres entreprises très spécialisées.
Avec qui travaillez- vous dans votre entreprise ?
Avec une chargée d'intelligence économique, pour échanger des informations sur les méthodes de recherche et les outils de travail sur la veille. Nous avons mis en place ensemble un "bouillon de culture" où nous présentons ces outils à l'équipe du centre de documentation dont l'Observatoire de la concurrence est indépendant.
Quel type de veille réalisez-vous ?
A côté de la veille concurrentielle, la veille "marché" s'impose aussi pour pouvoir positionner BPI dans son environnement. Les demandes qui me parviennent et les échanges avec les consultants m'ont fait comprendre que surveiller les concurrents était une démarche un peu trop basique.
Comment opérez-vous ?
Certaines tâches sont récurrentes : le relevé des alertes, leur traitement, leur analyse et leur diffusion. Mais il m'arrive aussi de recouper les informations pour les valider, les mettre en perspective, ce qui prend naturellement plus de temps. Je fais une veille permanente, à partir d'axes prédéfinis, mais je suis amenée aussi à répondre à des demandes ponctuelles.
Comment détectez-vous les besoins ?
Par les demandes des utilisateurs mais aussi grâce aux réunions auxquelles j'assiste. C'est ce qui me permet d'anticiper les tendances et les sujets de préoccupation actuels.
Comment communiquez-vous vos résultats ?
Souvent en face à face, de façon informelle, mais aussi par des courriers électroniques envoyés à des personnes ou à des groupes. Il m'arrive aussi de prendre des rendez-vous avec certains collaborateurs pour parler plus particulièrement d'un sujet. Il serait fructueux de réunir toutes les personnes ayant réagi à une alerte. Nous sommes aussi amenés à jouer un rôle d'animateur.
Quels produits proposez-vous ?
Un mode "Alerte" vers certaines équipes en DSI et à la présidence mais aussi une revue de presse mensuelle, diffusée à tous, où le résumé de l'article est accompagné d'un point de vue sur le sujet. Nous proposons aussi un "reporting" trimestriel sur nos concurrents et un agenda qui liste les événements où ceux-ci interviennent. Nous réalisons ponctuellement des études qui permettent à l'une de nos équipes de se positionner sur une offre.
Comment avez-vous sélectionné vos sources ?
Par un travail en amont de repérage des portails, des sites de concurrents, des revues RH ou généralistes qui parlent de nos concurrents. Je les ai retranscrits dans un tableau de bord qui indique la fréquence d'interrogation ou de dépouillement, le mode d'interrogation (automatique ou manuelle).
Quelles sont, selon vous, les compétences et les aptitudes nécessaires au métier de veilleur ?
Discrétion, rigueur, tact mais aussi savoir parler en public, être réactif et curieux. Bien entendu, et de manière plus classique, il faut savoir analyser, synthétiser des informations et les mettre en valeur, connaître les outils et avoir des connaissances de base sur la gestion financière d'une entreprise.
Comment se forme-t-on à ce métier ?
Un bon veilleur allie à la fois une solide formation professionnelle, initiale ou continue et la met à jour en assistant à des conférences et en lisant la presse spécialisée.
Quels sont les méthodes et les outils susceptibles d'évoluer ?
Les utilisateurs à l'aise avec le Web 2.0 sont aujourd'hui en mesure d'organiser eux-mêmes une veille de base sur un portail personnalisé de type Netvibes : veille sociale, veille image, veille entreprise, etc. Il n'en reste pas moins qu'extraire l'information utile sur l'Internet devient de plus en plus complexe et que l'on aura toujours besoin de personnes pour le faire et surtout pour l'analyser. Les outils de veille automatisée ne sont là que pour faciliter ces tâches.
Comment situez-vous l'intelligence économique par rapport à la veille ?
L'IE requiert une analyse, un recoupement, une validation de l'information, en particulieur sur le terrain en interrogeant des experts. Le chargé d'IE se permet d'apporter son regard sur le sujet, alors que le veilleur synthétise, recoupe, avant de transmettre l'information. On peut estimer qu'il y a un côté passif dans le terme de veilleur mais on est d'abord veilleur avant de faire de l'IE. Il faut d'abord maîtriser son sujet et cela ne peut se faire que par un suivi continu à moyen ou long terme. Ce n'est qu'ensuite que l'on peut être réactif et extraire une information stratégique.
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© L'Oeil de l'ADBS, Sarah Simon, Mathilde Pian, M. B., mai 2008
Rédigé par ADBS
Publication le 22 mai 2008 - Mise à jour le 14 octobre 2008