
Titulaire d'une maîtrise d'histoire et d'un DESS en intelligence économique de l'Université de Poitiers, Christophe Deschamps a occupé plusieurs postes de chargé de veille. Il est aujourd'hui consultant indépendant et enseignant.
Vous avez fait de la veille dès la fin de vos études...
Oui, puisque dans le cadre du stage de mon DESS, Gaz de France m'a demandé d'être un appui à la mise en place du dispositif de veille régional de la région Rhône-Alpes pendant 6 mois, puis de la région Picardie pour un semestre supplémentaire. La veille sur Internet n'était pas la demande principale. Il s'agissait surtout de mettre en place des réseaux de veille "humains". J'ai ensuite été engagé comme responsable de veille et consultant Internet pour la société Francenet (devenue Fluxus en 2000). Après le rachat de cette société par British Telecom, l'activité de veille a été assurée en Angleterre.
Dans cette entreprise, je matérialisais les résultats de cette veille via deux newsletters, l'une quotidienne et l'autre hebdomadaire, ainsi que par une diffusion dynamique sur l'intranet de la société. C'est durant cette période que j'ai commencé à utiliser pleinement le web pour faire de la veille et que j'ai commencé à me passionner pour les outils. S'il est vrai que les outils sont là pour être mis au service de l'humain, il ne faut jamais oublier que l'outil crée souvent la fonction. Si on ne connait pas les nouveaux outils ou nouvelles fonctionnalités de celui-ci, comment peut-on penser à les mettre au service de sa pratique ?
J'ai travaillé ensuite chez Hutchinson (filiale de Total) comme responsable de veille concurrentielle puis je suis parti m'installer à Nouakchott, Mauritanie, pour des raisons personnelles.
Vous y alimentez un blog que vous avez baptisé "Outils froids". Pourquoi ce nom ?
Quand vous cherchez sur Internet des logiciels, des services ou des pratiques nouveaux, vous pouvez taper l'expression "cool tools" dans Google. C'est souvent par ce terme d'"outils sympas" qu'ils sont désignés par les Anglo-saxons. J'ai choisi de traduire ce terme littéralement mais comme "outils frais" sonnait un peu trop grande surface, j'ai opté pour cet assemblage improbable : "Outils froids". Par ailleurs ça me faisait penser à la théorie des "médias chauds" et des "médias froids" de Marshall McLuhan, un chercheur qui avait assez bien anticipé les évolutions d'une société où l'information est omniprésente.
Est-ce compliqué de travailler, comme vous le faites, à partir d'un pays comme la Mauritanie ?
J'y vis depuis 2003. Mais j'ai lancé "Outils froids" lorsque j'étais encore en France, à peu près à la même époque qu'Influx de Christophe Asselin ou le blog de l'Urfist tenu (en grande partie) par Olivier Ertzscheid.
Je travaille à partir des informations glanées sur Internet et la distance n'est pas un handicap. La seule difficulté est la lenteur du débit. J'y remédie en utilisant au maximum le système d'onglets de mon navigateur Firefox. C'est l'outil que j'utilise pour réaliser ma veille hebdomadaire sur les outils et les services qui permettent d'optimiser le travail d'un veilleur, doublé bien sûr d'un agrégateur RSS, en l'occurrence l'excellent (et gratuit) Newzie. Au bout d'une semaine de veille, j'ai environ une cinquantaine de sujets à traiter. Si je juge les informations importantes, j'écris un billet sur mon blog ; si elles le sont moins, je les envoie vers mon service de favoris en ligne partageable, l'incontournable del.icio.us (gratuit).
Votre blog est une vitrine qui permet d'assurer "votre réputation numérique"...
Oui je peux dire qu'il a beaucoup contribué à mon "employabilité" en me permettant notamment d'écrire pour Veille Magazine, Archimag et Netchercheur. Il m'a aussi donné suffisamment de crédit pour que l'on me propose d'intervenir dans le mastère de Gestion de l'information multilingue de Reims. J'enseigne par ailleurs depuis six ans dans mon ancienne formation, le mastère Intelligence économique et communication stratégique de Poitiers. J'assure diverses autres formations, notamment en formation continue, y compris auprès de l'ADBS, sur les outils de veille et la recherche sur Internet. Il m'arrive aussi d'assurer des missions de conseil.
Pour prendre connaissance de tout ce qui peut ou pourra avoir un impact sur l'activité des travailleurs de l'information que sont les veilleurs, les documentalistes, les responsables de projets KM, ou plus largement toutes les personnes pour lesquelles l'information est devenue une matière première. On y aborde (en vrac) les moteurs de recherche, les fils rss, les méthodes et outils d'organisation des tâches, les logiciels sociaux dits "web 2.0", les problèmes d'identité numérique et de mémoire, les folksonomies, l'innovation ascendante, la cartographie d'information... |
© L'Oeil de l'ADBS, M. B., mai 2007
Rédigé par ADBS
Publication le 22 mai 2007 - Mise à jour le 14 octobre 2008